28 juin 2020 : 13e dimanche du temps ordinaire, Année A

Homélie Dimanche
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Textes : 2 Rois 4, 8- 11. 14- 16a ; Romains 6, 3- 4. 8- 11 et Matthieu 10, 37- 42.

Frères et sœurs, Shaloom ! Depuis le lundi après la Pentecôte, nous avons repris le temps ordinaire de l’année liturgique. C’est le temps le plus long qui nous invite à vivre notre foi au quotidien. La première lecture nous renvoie à la réalité de notre vie de chaque jour. Elle parle de la rencontre de la femme Sunamite et d’Elisée.

L’hospitalité était une valeur précieuse dans l’ancien temps. Cette femme riche de Sunam se donne de la peine pour accueillir le prophète Elisée. Avec insistance, elle l’invite à manger chaque fois qu’il passe dans la région. Elle propose de faire construire un appartement bien meublé sur la terrasse de sa maison pour que cet homme de Dieu puisse avoir un endroit où se reposer : « Ecoute, je sais que celui qui s’arrête toujours chez nous est un saint homme de Dieu. Faisons-lui une petite chambre sur la terrasse ; nous y mettrons un lit, une table, un siège et une lampe, et quand il viendra chez nous, il pourra s’y retirer.»

Ces paroles de la femme Sunanite témoigne de la communion, de la compréhension et de l’amour qui règne dans ce couple. Ce dernier se dépense pour que l’homme de Dieu fasse bien son ministère. Aujourd’hui, nous sommes devenus distraits. Chacun ne voit que sa vie, son problème. De la sorte, Dieu passe à nos côtés sans nous en apercevoir. Le cœur de l’homme se ferme de plus en plus pour ne voir que ses intérêts personnels, son profit. Elisée accepte l’offre. Dieu nous fait toujours passer de l’amour à l’amour, car un cœur qui aime bénéficie toujours de l’amour de Dieu.

« Que peut-on faire de cette femme ? », demande le prophète à son serviteur. Et celui-ci  de répondre : « elle n’a pas d’enfant, et son mari est âgé. » Elisée lui promet que, lors de sa prochaine visite, elle en tiendra un dans ses bras. L’année suivante, la femme obtient l’enfant promis. Cette naissance fut le fruit de son accueil et de son hospitalité.

La lettre aux Hébreux dit : « N’oubliez pas l’hospitalité, car c’est grâce à elle que, sans le savoir, d’aucuns ont hébergé des anges » (Hb 13, 2). Pensons à Abraham qui a accueilli les trois visiteurs de passage sous le chêne de Mambré (cf. Gn 18, 1- 15).

Dans l’évangile, Jésus fait de l’hospitalité une règle sacrée. Elle est le lieu de la rencontre avec Dieu. « Qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste », dit Jésus.

Il continue en ces termes : « Celui qui donnera à boire, même un verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciples (…) ne perdra pas sa récompense. »

Frères et sœurs,

Offrir un verre d’eau est le symbole de la relation personnelle la plus élémentaire, et pourtant Jésus dit que cela peut devenir un trésor sans prix. Donner un verre d’eau à un frère ou une sœur, c’est montrer sa foi en l’homme. C’est une façon de s’ouvrir à Dieu et de faire un pas vers lui. Chaque fois que nous l’offrons à un hôte, nous l’offrons au Seigneur. « Chaque fois que vous l’avez fait, c’est à moi que vous l’avez fait. »

En ce temps, frères et sœurs, où la pandémie du coronavirus nous rappelle à l’ordre, posons-nous ces quelques questions : Quel est le but de notre vie ? Quelles sont nos priorités ? Qui accueillons-nous dans nos maisons ? Sommes-nous capables d’accueillir l’autre gratuitement, simplement pour partager la joie de le rencontrer, qu’il soit « prophète, juste ou petit ? » Surtout le petit, le plus fragile, le plus faible, celui qui nous rappelle, malgré lui, qu’en chacun de nous, Dieu se manifeste comme un mendiant d’amour.

Après nous avoir demandé de le reconnaître en nos frères et sœurs, pourquoi Jésus nous dit-il, dans l’évangile, que, préférer son père ou sa mère, son fils ou sa fille à lui, Jésus, rend indigne de lui ? Plus d’une fois, Jésus a cité le quatrième commandement comme faisant partie du chemin de la vie éternelle : « Honore ton Père et ta mère » (Mt 15, 4 ; 19, 19). Tout cela montre qu’il faut être capable d’un amour humain afin de pouvoir aimer le Christ avec un cœur plus épanoui.

Pour être un bon chrétien, il faut préalablement être un bon humain. C’est dire simplement qu’il y a des choses qui ne nécessitent pas d’être chrétien pour les faire. La courtoisie, le respect, le bon sens, la gratuité, la politesse (…) sont des qualités humaines provenant peut-être de notre cerveau ou que nous adoptons du fait de notre éducation, mais elles sont portées par les dispositions de notre cœur. En cela, notre état de chrétien ne vient que leur conférer une dimension religieuse, évangélique en les modelant sur la personne du Christ.

L’amour que nous donnons à Dieu et celui que nous donnons à autrui ne sont pas deux amours en concurrence. La réponse de Jésus à la question du scribe sur le plus grand commandement nous éclaire à ce sujet. L’amour de Dieu et celui du prochain ne font qu’un. L’amour de Dieu est notre but et l’amour du prochain est le chemin qui doit nous conduire vers le but. Saint Jean Paul II disait que « l’homme est le cours chemin qui mène à Dieu. »

Frères et sœurs,

Aujourd’hui, nous parlons tous de la Covid-19 qui tue l’homme, l’économie, le social. Les chercheurs se sont mis à l’œuvre pour trouver une solution afin d’éradiquer cette pandémie. Cependant, retenons qu’il est plus facile de trouver un vaccin pour lutter contre le coronavirus que celui pour lutter contre le virus de l’égoïsme et de la guerre. L’homme doit reconstruire son cœur à l’image de son Créateur afin de lutter contre tous les maux qui rongent la société.

« Avant, c’était plus simple : Dieu était au ciel et nous étions tranquilles. Maintenant, c’est beaucoup, beaucoup plus compliqué. Dieu s’est faufilé partout : en tout visage, en tout être, père, mère, fils, filles, et même dans le sourire du plus petit. Plus question de préférer ou de haïr celui-ci ou celle-là. A chaque rencontre, maintenant, c’est à Dieu que nous avons affaire. »

Prions Dieu pour qu’il nous donne un cœur nouveau et mette en nous un esprit nouveau, et que la dignité de l’homme soit notre cheval de bataille. Amen !

Crispin MBALA,sj.

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