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Textes : Isaïe 55, 1- 11 ; 1Jean 5, 1- 9 et Marc 1, 7- 11

Nous célébrons aujourd’hui le Baptême de Notre Seigneur Jésus Christ. Cette solennité clôture  le temps fort de Noël et nous ouvre aux temps ordinaires. Cette disposition du calendrier liturgique comporte déjà, en elle-même, une signification profonde et de la solennité que nous célébrons et des temps nouveaux que nous débutons : c’est le temps du témoignage et de l’engagement. Jésus débuta, en effet, sa mission après le baptême. A sa suite, nous recevons aussi notre part de mission le jour de notre baptême afin de collaborer à son projet salvifique pour le monde.

Mais, avant d’avancer dans notre méditation, relevons le profond étonnement que le baptême du Christ peut susciter dans notre esprit. Pourquoi Jésus se fait-il baptiser, Lui, le Christ que nous déclarons trois fois Saint, de même nature que le Père ?

En effet, la catéchèse nous apprend que le baptême purifie, qu’il efface le péché originel et personnel et annule toutes les conséquences relatives aux péchés conscients. Que l’on soit dans le judaïsme  antique ou dans le christianisme moderne, le baptême reste attaché aux notions religieuses de purification, de conversion et de salut. Par ce fait, seul le pécheur y est éligible et concerné. Or Jésus n’a jamais péché ; il n’avait nullement besoin d’un rite de purification. La liturgie de la parole l’atteste et nous éclaire sur la vraie signification de son baptême. Jésus ne s’est pas fait baptiser pour se purifier ; son Baptême est plutôt la cohérente expression de son Incarnation : Vrai Dieu, mais aussi Vrai Homme. Solidaire de notre nature humaine, Jésus fut baptisé par Jean au milieu d’une foule de pécheurs ; il s’est fait nôtre pour dévoiler le chemin du salut, la voie de la réhabilitation de notre humanité et de notre adoption en tant que fils de Dieu. Le baptême du Christ est également le lieu du dévoilement de sa messianité en tant que Fils de Dieu et de sa vraie nature divine, consubstantielle au Père. Il marque  publiquement l’élection du Christ en tant que Messie envoyé par Dieu pour le rachat du monde. Marc l’atteste dans la page de l’Evangile par la proclamation solennelle de la paternité de Dieu. Nous montrant la voie du salut, Jésus nous enseigne que le baptême nous ouvre à la filiation divine et nous incorpore dans la grande famille de la multitude des frères dont il est l’aîné.

Chers frères et sœurs, le baptême est une grâce offerte à l’homme. Le salut qui en découle relève de la gratuité de l’amour miséricordieux de Dieu. C’est ce que nous découvrons dans la première lecture où le Prophète Isaïe invite le peuple d’Israël à acheter sans argent, à venir posséder sans mériter. La grande image qui en découle est celui de la gratuité de la miséricorde divine.

Ce texte annonciateur de la fin de l’exil en Babylone présente Dieu comme un Père tendre, compatissant et éternellement aimant qui récrée toujours toutes choses nouvelles après les ravages du péché et de l’infidélité de l’homme.

Les symbolismes du lait, de l’eau, du vin capiteux et des mets succulents sont autant des métaphores de la volonté recréatrice de Dieu. Il n’abandonne jamais l’homme indéfiniment dans l’inconfort et la misère. Quand bien même l’homme ne mériterait rien et ne pourrait rien réclamer, Dieu se souviendra de son amour éternel et de sa fidélité qu’aucune transgression ou péché ne peut décourager. Au regard de son histoire, de son passé et de son vécu, l’homme peut se croire indigne du pardon et totalement exclu de l’amour bienveillant de Dieu. Mais, telle n’est pas la pensée de Dieu. Ainsi, il avertit que nos pensées ne sont pas les siennes et ses pensées ne sont pas les nôtres.

Chers frères et sœurs, par notre baptême, nous sommes devenus fils de Dieu. Cette identité nouvelle n’est pas un ornement. Elle est plutôt une mission, un engagement à faire nôtre le projet de Dieu pour l’humanité entière. Vu sous cet angle, célébrer le baptême du Christ revient à nous interroger sur notre propre identité de  serviteurs et de fils de Dieu. Cette célébration interroge également la portée de nos actions et engagements pour la transformation de notre société et l’amélioration des situations périlleuses dans lesquelles croupissent nos frères et soeurs. Le mal a élu domicile dans notre société et semble régenter toutes les actions et activités humaines. Dans les differents cadres de notre existence,  l’on ne sait plus distinguer le chrétien et le non-chrétien. Si notre monde et notre société vont mal, c’est aussi parce que nous, chrétiens, qui sommes majoritaires dans les administrations et les postes de responsabilité, avons perdu le sens de la dignité et de la noblesse. Parmi les auteurs des injustices, des atrocités, parmi les corrompus et les corrupteurs, l’on trouve aussi, malheureusement, un nombre impressionnant des chrétiens. Parmi les artisans du népotisme, du trafic d’influences qui empêchent l’émergence des compétences et de vraies valeurs, l’on trouve aussi un nombre important de chrétiens.

Ce dimanche nous invite à nous souvenir que nous devons toujours briller par la vertu, à l’instar du Christ qui faisait le bien partout où il passait. Notre vie vertueuse sera la lumière qui éclaire les hommes enfermés dans les ténèbres du péché et des anti-valeurs. Aucun prétexte ne peut justifier un acte indigne et contraire à notre identité. Par exemple, l’on ne peut pas soutenir le vol sous prétexte que l’on a faim, le détournement sous prétexte que l’on travaille beaucoup et que l’on est sous-payé ou sous prétexte que les autres aussi font de même. Redécouvrons les exigences de notre identité afin de faire honneur à celui dont nous portons le nom et qui nous envoie dans le monde pour le transformer et témoigner de son amour inaltérable.

Par ailleurs, la solidarité que le Christ, par son baptême, témoigne à notre égard nous invite aussi à nous montrer solidaires les uns envers les autres : que les forts soutiennent les faible ; que les autorités et les supérieurs se soucient de leurs subordonnés ou inférieurs ; que les plus méritants mettent leur savoir, avoir et pouvoir au profit de moins nantis ; que chacun, en ce qui le concerne, s’estime investi d’une noble mission et d’un sacré devoir pour le bien de son prochain.

Que, par l’intercession de la très Sainte Vierge Marie, nous traduisions en actes concrets nos engagements baptismaux pour la transformation de notre monde, pour la plus grande de Dieu et le bien-être de tous nos semblables. Amen !

Crispin MBALA,sj.

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