Homélie du 10 Mars 2024 : 4ème dimanche de carême – Année B (Père Rigobert Kyungu, SJ)

Frères et sœurs, nous célébrons aujourd’hui le quatrième dimanche de carême de l’année liturgique B. La première lecture est tirée du second livre des Chroniques (2 Ch 36, 14-16.19-23). La deuxième lecture provient de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens (Ep 2, 4-10).   Nous lirons l’évangile selon saint Jean (Jn 3, 14-21).

Ces lectures nous parlent de la bienveillance de Dieu qui a daigné envoyer son fils unique pour sauver l’humanité, malgré l’obstination des hommes à commettre des péchés.

La première lecture relate comment le peuple d’Israël s’obstinait dans le péché alors que Dieu ne cessait de les interpeller à travers les prophètes qu’il leur envoyait. C’est encore Dieu qui a inspiré le roi Cyrus pour reconstruire le temple de Jérusalem avec les survivants de l’exil babylonien. Dans la deuxième lecture, saint Paul proclame que Dieu est riche en miséricorde et qu’en Jésus, il nous fait revivre, alors que nos péchés nous conduisent à la mort. Le salut est donc une grâce gratuite de Dieu pour laquelle nous ne devons pas nous enorgueillir.

L’évangile de ce dimanche nous parle de la crucifixion de Jésus en termes d’élévation. Car c’est dans sa mort que Jésus est glorifié. Et cette glorification est réciproque, car par son obéissance et son sacrifice sur la croix, Jésus glorifie aussi Dieu le Père. La mort de Jésus sur la croix est la preuve par excellence de son amour pour l’humanité, selon ce que lui-même déclare dans Jn 15, 13 : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». Tout comme le peuple d’Israël devait regarder le serpent de bronze élevé par Moïse dans le désert pour être sauvé, ainsi sommes-nous, nous aussi, appelés à regarder Jésus en croix, pour obtenir le salut.

Regarder Jésus en croix signifie reconnaître le grand amour de Dieu qui pour nous est allé jusqu’au bout. En effet, c’est sur la croix que Jésus révèle vraiment que Dieu est amour. Voilà pourquoi il dira aussi ailleurs : quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, vous saurez que Je Suis (Jn 8, 28). La croix devient donc le lieu de la révélation de ce qu’est Dieu pour l’humanité : Dieu est amour, Dieu n’est qu’amour.

Nous ne pouvons pas envisager notre salut en dehors du mystère de la croix. Il y a des gens qui n’aiment pas entendre parler d’un Dieu qui souffre et d’un Dieu faible. Le mystère de la croix leur paraît comme un scandale. L’on préfère le Jésus puissant qui déploie toute sa force, notamment en accomplissant des miracles. On n’accepte pas facilement le Dieu qui se tait et qui n’intervient pas immédiatement pour mettre fin à toute souffrance et à toute situation de malheur. Mais le Dieu de Jésus-Christ qui se révèle sur la croix donne aussi sens à toutes nos souffrances et à toutes nos faiblesses, en y apportant la lumière de la résurrection. Car la croix est toujours un passage vers la gloire. Dieu ne supprime pas notre croix, mais il nous donne la force de la porter. Il ne supprime pas notre souffrance, mais il souffre avec nous. Il y a donc pour nous un appel à percevoir la présence de Dieu dans nos situations de souffrance et dans nos épreuves, car il est toujours avec nous. Mais cela n’est possible que lorsque nous croyons vraiment en lui.

Dans le prolongement des deux premières lectures, l’évangile nous invite aussi à quitter nos péchés, qui sont des œuvres des ténèbres, à vivre dans la vérité et à accueillir Jésus qui est notre lumière. Car Dieu qui nous aime tant, ne veut pas nous perdre, et il ne nous juge jamais. Au contraire, c’est nous-mêmes qui nous jugeons par nos actes et déterminons notre destin par notre manière de nous comporter. Demandons la grâce de la conversion pour mériter le salut que Dieu nous offre en nous donnant son fils Jésus. Amen.

Rigobert Kyungu, SJ